Le nom des gens

Muriel,

Dans ce film, vous y verrez passer rapidement dans son premier rôle Lionel Jospin. Voici l'une des critiques sur le site " Excessif.com "

Ironie, drôlerie et audace : un cocktail inventif et enthousiasmant

Tout d'abord, il fallait du culot pour oser dans le paysage anémié de notre comédie nationale, raconter l'histoire d'un couple aussi atypique que celui d'Arthur et Baya. En effet, reprenant à leur compte, une anecdote personnelle et la difficulté des gens à dépasser leurs patronymes, Le Nom des gens n'hésite pas à nous proposer une romance aussi originale que folle en guise de trame.

Car l'un et l'autre des personnages principaux ne sont simplement lestés du poids de leurs noms de famille, ils portent en eux des valeurs particulières, une énergie insoupçonnée et plus sûrement encore de lourds secrets. Sans parler de leur conséquente histoire familiale puisque les grands parents d'Arthur ont échappé à la déportation tandis que la famille de Baya a été froidement abattue par l'armée française durant la Guerre d'Algérie. Dès lors, loin des mièvreries du genre, Le Nom des gens nous invite à vivre une expérience bien différente. Et c'est justement là l'un de ses immenses mérites dans la mesure où en général, une telle gravité même sous-jacente plomberait facilement la moindre velléité de légèreté et de comique. Or, c'est en s'appuyant sur cet amalgame improbable, que le film séduit. C'est-à-dire en revendiquant cet arrière-plan tout en en faisant un moteur subtil de la comédie qui s'échafaude.

Chasser le politique, il revient au galop

Toutefois, Le Nom des gens n'est pas qu'une simple affaire de sujet ou d'originalité par rapport à un modèle établi. C'est aussi un propos qui convoque en contrebande les grandes questions de notre temps (acceptation de la différence, intolérance vis-à-vis de l'autre, communautarisme, interrogation identitaire) et les accapare avec intelligence, alors que l'on ne s'y attendait pas, notamment au regard de certains exercices similaires mais décevants (Mauvaise foi, Dieu est grand, je suis toute petite).

Si l'on ajoute à cela que chaque situation, malgré une part volontairement assumée de caricature, s'appuie sur une écriture dialoguée aussi drôle que décapante et une inventivité dans la mise en scène qui convoque aussi bien Johnnie To pour la représentation des multiples personnalités que le meilleur des comédies anglo-saxonnes transgressives, alors on ne peut que saluer le film réalisé par Michel Leclerc et coécrit avec sa compagne, Baya Kasmi, et chaudement le recommander !